M.A. : Pourquoi ce choix de la lithographie ?
Authouart : C'est ma rencontre avec l’œuvre de Toulouse-Lautrec en 1957 qui a décidé de ma vocation de peintre.
J'avais 14 ans. Mais il m'a fallu plus de 20 ans avant que je dessine ma première lithographie (3)... À l’occasion de mon exposition personnelle place Beaubourg à Paris, le directeur de la Galerie Documenta me demande de réaliser quelques estampes et il m’indique l’adresse de l’Atelier de lithographies Bellini situé au N°83 rue du Faubourg Saint-Denis.
Lorsque Geneviève (4) et moi franchissons la porte de cet atelier, nous entrons sans le savoir dans l’ancienne et historique imprimerie Ancourt. C’est dans cet atelier que Henri de Toulouse-Lautrec, à la fin du XIXème siècle, imprimait ses chefs d’œuvre dont la célèbre affiche d’Aristide Bruant Aux Ambassadeurs.
Nous avons donc imprimé nos premières lithographies sur la presse de Toulouse Lautrec !
M.A. : C'était en 1978... Pourquoi défends-tu toujours la lithographie aujourd’hui ?
Authouart : J'aime les ateliers de lithographie.
J'aime cette immersion ponctuelle qui tranche avec le processus de création solitaire qui est le mien. C'est une autre forme de création.
C'est à chaque lithographie un saut dans le vide qui me pousse encore et toujours à la performance, mais en équipe cette fois. Et puis, c'est un peu de nostalgie aussi. Le fait de me retrouver deux ou trois fois par an avec les artisans lithographes me rappelle les années 80 quand je réalisais des décors de théâtre, de concert, des murs peints (5 et 6). L'aide d'assistants était indispensable à la réalisation de mes projets.
Je retrouve ça à l'atelier.
M.A. : Penses-tu aujourd'hui maitriser cette technique ?
Authouart : Cela fait plus de 35 ans que je dessine des lithographies. Que je fréquente ces ateliers parisiens.
J'ai eu plusieurs années une presse venue de l'atelier Mourlot (7) (actuellement au musée Picasso de Munster) sur laquelle Picasso avait sans doute tiré des essais.
J'ai fait voyager ma presse à bras dans plusieurs centres d'Art en France, en Allemagne pour imprimer en public. J'aime cette technique. La lithographie fait partie de mon œuvre.
L'utilisation des matériaux intermédiaires que sont la pierre, le cuivre, le bois. J'aime la prise de risque dûe au simple fait de devoir redessiner l'original à l'envers. L'emploi de la craie, de l'encre... de l'acide. Le travail de forme, de recouvrement des couleurs. Le but à atteindre étant celui de retrouver la force de l'œuvre originale. C'est un véritable combat.
Extrait de discussion entre Daniel et Marie Authouart